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Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, I, Eggimann.djvu/32

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tons. Catherine me tue les Turcs, vous me délivrez des hannetons[1]… »

À l’âge de huit et de six ans, c’est-à-dire deux ans après la mort de leur mère, Juste et Charles avaient été envoyés en pension à Lausanne.

C’est à ce moment que se rattache une anecdote que nous raconte Charles dans ses mémoires[2].


« Nous étions, nous dit-il, chez un ex-jésuite dont le talent consistait à faire croire aux parens que leurs enfans étaient ou des vauriens ou des sots. Il y réussissait si bien que, quoique nous fussions roués de coups et affamés, il fallut trois ans pour que mes parens fussent désabusés sur le compte de cet homme. La faim nous rendait voleurs, les coups menteurs, lâches et rusés.

« Un jour, nous étions invités chez notre tante, la marquise de Gentil, à Mon Repos, pour voir représenter Nanine devant Voltaire. Comme je connaissais les êtres de la maison, mon premier soin en arrivant

  1. MCC. Bibl. de Genève, cité par Lucien Perey, p. 64.
  2. MCC. Bibl. de Genève.