Aller au contenu

Page:Achille Essebac - Luc.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
LUC

ce qu’ayant vu elle se prit à pleurer… Les filles durent s’accoutumer à ce contact d’une beauté et d’une fraîcheur auxquelles ne pouvaient prétendre leurs vénales caresses.

Julien avait retardé jusqu’à la répétition générale le plaisir d’aller voir Luc Aubry dans sa loge. Quand il s’y présenta, Déah Swindor et son imprésario, le juif Isidore Van Blitz durent user de leur autorité pour contenir la révolution qui sourdait comme un orage proche à travers les grognements des femelles. Sous le commandement du juif elles rampèrent et se firent couchantes devant les deux jeunes hommes. Julien défiait les commérages et se souciait médiocrement de ces cabotines de trottoir qu’il conduisait à la baguette. Elles demeuraient stupéfaites que Julien et Luc, vigoureux et sains, se refusassent aux accroupissements ordinaires des mâles, adorateurs avachis de leurs vices. Et l’amitié réciproque de ces deux êtres très beaux était un excès d’outrage au béat orgueil de leur sexe !

. . . . . . . . . . . . . . . . .


C’est le grand soir longtemps attendu.

Julien a promis à Luc de l’aller rejoindre sur le théâtre après avoir conduit jusqu’à leur loge Mme Marcelot et Jeannine ; car Jeannine a été admise à l’audition du drame sacré, et Jeannine contient à peine la joie folle de voir Lucet enfin, en costume, sur le théâtre, face au grand public des premières. Ce public que son ingénuité et son ignorance du mal recouvrent du seul prestige de la richesse et du bon

LUC
4