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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/125

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LUC
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vers d’autres êtres absorbés en sa propre pensée, frissonnant de sensations nées de sa chair, tout à l’heure de sa voix, de soi-même, pénètre profondément l’âme de Lucet. Ses jambes cambrées de jeunesse et de vigueur, dont Julien s’est appliqué à développer l’eurythmie en lui enseignant la marche et les attitudes qui magnifient leur beauté, Luc Aubry est heureux de les laisser voir. Ses bras unis relevés de jeunes muscles gonflés se meuvent comme dans un rayonnement de tiédeur, de velours et de lumière ; Luc jouit de les sentir observés ; sa gorge pâle où des veines bleues transparaissent bat violemment sous le flux que multiplient les mouvements émus du cœur. Et la jeune simplicité de sa démarche, toute visible dans son maillot, rehausse singulièrement la grâce troublante de son visage et de ses yeux charmants.


Voilà Julien ; lui non plus ne peut se soustraire à l’étonnement ravi de voir ainsi Luc. À peine a-t-il le temps de maudire doucement ces femmes qui ne sont jamais prêtes et ont retardé sa venue ! Luc s’informe ; elles sont là, dans une première loge, un peu de côté ; elles verront bien Lucet dans sa grande scène où, pâtre amoureux de la Magdaléenne, il invective son amante en insultant le Nazaréen… À peine a-t-il le temps, Julien ; il lui faut examiner Luc, le complimenter du costume qui moule son adolescente nudité avec une précision délicieuse et ne cache ce qu’il ne saurait montrer que pour rendre plus captivant le mystère des formes dérobées. Comme Lucet a bien fait d’écouter son ami et de préparer sans le savoir, en posant Daphnis, l’éclosion ravissante de Iohanam !