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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/135

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LUC
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l’essor comme un doux vol de ramiers, ce fut l’apport des églantiers fleuris et des palmes sereines cueillis au long des routes, sur les haies, dans la plaine, par la foule domptée ; ce fut la musique céleste que les sourds entendirent, l’hosanna clamé par la bouche revivifiée des muets et la marche glorieuse des paralytiques…


L’amante ce n’est pas la fille de Magdala ivre de beauté, illuminée d’espoir en le cadre merveilleux où, dans la sereine mélopée des flûtes et la plainte adoucie des fragiles chalumeaux, s’irisent les lointains cendrés de Gâlil et s’empourprent au crépuscule les terrasses et les palais sichémites, — l’amante c’est Nine désormais, que vient de troubler jusqu’en ses plus subtiles attributs de femme le Désir sublime, le désir de Luc Aubry radieux dans l’éclat, dans l’insurmontable attirance, dans l’énervante splendeur de sa nudité…

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Tandis que les salves interminées des bravos font s’ouvrir et se refermer dix fois le rideau, tandis que les bravos vibrent encore jusque sur le boulevard dans la nuit enfiévrée de Paris, Nine aime, Nine adore Luc Aubry, sa voix enjôleuse et caressante, douce ainsi que les flûtes, divine ainsi que les harpes dans la brise attiédie de Palestine. La voix ce n’est pas assez dire ; les yeux aussi ! Mais c’est plus, que veut Jeannine. Ce ne sont pas seulement les lèvres ardentes de Lucet qu’étreint son rêve tandis que