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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/153

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LUC
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derniers mots. Luc serra les mains de son grand ami et lui dit simplement :

— Vous êtes bien gentil, Julien.

Et Julien tressaillit sous l’affectueuse étreinte de Lucet.


Les bonnes soirées passées là auprès de ces êtres aimables dont les attentions lui étaient également chéries, Jeannine d’un côté, Julien de l’autre, Mme Marcelot jeune et maternelle, flattée aussi de voir sa maison reprendre la tradition de noble hospitalité offerte aux arts — formaient un entourage dont se délectait le petit comédien, Chérubin, comme s’était plu à le nommer Jeannine trop heureuse de retenir ce nom, trop heureuse que la conversation conduite sur le terrain dramatique et sur le personnage charmant de Beaumarchais lui eût permis de saluer en Luc, dans l’indifférence apparente de ce nom, toutes les qualités de tendresse, de divine sensibilité et de grâce dont est, ce mot délicieux, comme la synthèse et comme l’image vivante : Chérubin…

C’était une opération très délicate et très minutieuse pour Lucet, que le baiser sur la main. Il s’en acquittait avec une aisance riante. Quand il relevait ses jolis yeux sur la personne qu’il venait de gratifier ainsi du contact fleuri de ses lèvres, il trouvait dans les regards, toujours, une adoration ou l’expression douloureuse d’un regret, même quand ces regards se voulaient expressément contenir et ne dévoiler pas leur trouble. Seulement aucuns de ces yeux-là ne s’étaient revêtus, comme ce soir, de la pieuse amitié de Nine ; aucuns de la fraternelle affection de Julien dont