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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/182

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LUC

prunelles ne se voient pas… des mots tels que les Princes Charmants en doivent murmurer au moment où l’histoire s’arrête, quand ils s’endorment, le soir, auprès de la jeune Princesse, sur le lac enchanté… Nine, qui tout ignore, devine que les lèvres à Lucet doivent être bonnes. Elle n’a pas la moindre idée de ce que peut être un baiser ; même, jamais encore la pensée ne lui est venue que les lèvres se puissent unir, se prendre et ne se plus défaire. Oh ! Lucet, avec la musique câline et fraîche de sa voix, le velouté rose et mouillé de ses lèvres !…

Et l’image se précise. Toute la pensée de Nine s’égare parmi les méandres souples de ce corps de jeune homme dont la nudité s’impose à son esprit en un détail minutieux… S’il pouvait seulement permettre que sur son cou joli, joli quand, en se penchant, il découvre la nuque aux belles lignes simples, lisses, comme d’un Antinoüs adolescent… s’il pouvait seulement permettre un baiser là, à un certain endroit que Nine vient de choisir soudain… Mieux, si par hasard, un hasard tout à fait extraordinaire, ses bras, ses beaux bras nus dont le contact doit être si tiède, pouvaient aussi être pour elle ! elle est certaine de trouver à les caresser d’ineffables délices ; elle rêve d’y reposer ses joues ; de fermer ses yeux sur leur élasticité rigide à peine duvetée ; de leur livrer son cou à elle dans une étreinte, comme une enfant… Son cou ? Pourquoi son cou seulement ? N’a-t-elle pas à offrir l’équivalent de ces trésors qu’une investigation insensible lui fait découvrir en Luc, et en lesquels s’enlize sa pensée… Ses bras à elle, son cou, Luc ne trouverait-il pas, à en accueillir le don