Aller au contenu

Page:Achille Essebac - Luc.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LUC

tendue sur un menton d’un aristocratique ovale : Agrippa d’Aubigné adolescent peint par Velasquez ; un amour de grand gosse ! Avec Edouard qui semble copier en plus mièvre toutes les mièvreries plus viriles de Robert, mais s’habille, lui, au dernier cri de la mode, une paire de beaux jeunes hommes… un peu inquiétants, voilà tout.

Au jugement très expert de Jeannine, et à celui plus éprouvé encore de Julien qui les connaît, ils ne valent pas à eux deux la grâce virile de Luc Aubry, la grâce fougueuse, jolie, élégante, presque trop raffinée, très énervante et très parfaite de cet adolescent qu’est Lucet. Les deux autres sont des filles, plus beaux que des filles, surtout Edouard avec ses yeux bleus, l’or léger de ses cheveux, son petit nez de marquise, son menton comme poudrederisé et sa bouche de baby ; mais deux filles quand même ! Julien et Nine ont horreur de cette équivoque. Luc est un homme en fleur !

Le beau huguenot ne manque jamais sa phrase en arrivant ; — Nine trouve qu’il devrait la varier de temps en temps :

— Je viens chercher Edouard ; nous allons jusqu’au bac du passeur ; peut-être nous baignerons-nous, si vous voulez bien le permettre, Madame ?

Mme Davillers s’inquiète et se récrie. Il est de fait, pense Jeannine, que c’est dommage de tremper dans l’eau deux petits anges tout en sucre aussi jolis que ceux-là ; ils doivent y fondre et s’abîmer… Mais à ces restrictions de sa mère, Edouard fait une moue pour laquelle Robert vendrait à Rome son âme de calviniste, et la cause est gagnée. Après avoir salué