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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/215

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LUC
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et la grâce unie de ses jambes sveltes sont sur Lucet, et Lucet ne peut contenir les sanglots de Nine qu’en berçant dans ses bras stupéfaits et ravis… Chérubin, — Chérubin qui rit nerveusement tout d’un coup et s’apaise… s’apaise et se cambre en l’exquise virilité du costume, et laisse sur l’épaule de Lucet sa tête joueuse cependant que Lucet rencontre dans les dentelles un cou joli et de tièdes poignets et devine, au halètement de la gorge qui frôle sa poitrine sous le linon de la chemisette et le velours brodé du boléro : l’amour… l’amour qui tout ose… Alors sa joue se penche sur la joue câline et craintive de Nine… Nine se rassure et demeure prise à l’enlacement sensuel et hardi de Luc. Ses mains se laissent prendre aux mains tremblantes de l’adolescent ; et leurs lèvres jeunes ne se fuient pas, qui se sont rencontrées et s’absorbent en un long et silencieux baiser où la chair profondément se donne, échange sa joie et fait trembler le désir qui ne veut plus cacher sa violence, sa douceur et sa douleur…

Un trouble infini les enveloppe, de s’étreindre et de s’avouer ainsi, elle Chérubin, lui Lucet, dans l’enlacement craintif et charmant, présage d’un amour enfin réalisé en la chair qui consent et va combler les tendances stériles de l’âme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Et Chérubin, dans les bras de Chérubin, avoue, mais se défend encore de ses baisers gourmands :

— Non… non… je vous en supplie, Lucet… non, ce soir… ce soir…

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