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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/221

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LUC
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geait à la bonté spirituelle et sans égale de Julien, plus encore au charme doux et violent de Lucet.

Luc se réfugia parmi les hautes futaies, en son temple où saillent, dans les stucs entaillés, les arcs, les carquois et, mêlés de roses, les lauriers d’Amour…

Mais Julien s’épuise à repousser l’image vénéneuse et ravissante de Luc. Il se débat en vain contre le mal sournois qui depuis des semaines, des mois, — il se l’avoue enfin, — des années, oui, des années, s’est infiltré goutte à goutte et déborde soudain dans la tempête délicieuse de son cœur. Trop d’obscures pensées, trop d’angoisses, dans son esprit et dans sa chair se heurtent et s’agitent. Il ne peut pas, il ne veut pas dormir. — Et dans la nuit fraîche à peine, comme des craintes, comme une appréhension, comme une adoration aussi l’attirent vers le tempietto où, sur le doux sommeil de Luc, des carquois et des roses se mêlent aux lauriers… L’amitié étrange qui brûle dans ses veines, tout à coup, vient de lui insuffler l’envie… l’envie ?… pis que cela… la jalousie ! la jalousie dont il a peur ! Nine et Lucet font peur au désinvolte Figaro… Et Figaro va veiller…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Luc ne dort pas. Il songe…

Nine a dit :

— Non… ce soir, Lucet… ce soir !…

Est-ce le consentement retardé, en effet ; ou n’estce pas plutôt le refus irrémédiable ? S’est-elle tout à coup souvenue de Julien… Julien ! — Oh ! comme Lucet désire dans sa jeune chair ignorante et curieuse