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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/267

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LUC
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dolescent qui rive son amour, loin d’elle, au souvenir de Jeannine !…

C’était, à travers la beauté de ces pays quasi-vierges de notre contact dans leur décrépitude, la poursuite exaucée d’un doux rêve ; d’un rêve où l’éveil des yeux et de la pensée fait jouir pleinement de l’imprévu, saisit le charme réel, s’en nourrit et s’en grise mollement. Chaque matin apporte la féerie captivante d’un beau jour ; et la nuit étoilée… Mais Julien et Nine s’étaient promis…

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L’image de Luc, sa jeune grâce et sa beauté juvénile sourdaient en la chair de Nine, marquée d’elles comme d’un scel indélébile…

Loin de Lucet, étourdis par le merveilleux de ces visions sans discontinuité, qu’ils fussent à Corfou ou que, par Brindisi, ils eussent gagné la Sicile, Julien ne songeait pas aux réalités du retour, et son enthousiasme était sans égal d’avoir retenu de cet adolescent l’empreinte si douce et si pure dont la pensée, aux soirs tranquilles, faisait défaillir son âme de joie et restait encore exempte d’amertume.

Après des semaines de séjour, de Messine à Syracuse, de Girgenti à Palerme, après le printemps ébauché à Florence, la santé de Jeannine exigea la cessation de ces’déplacements continuels qu’ils avaient faits aussi doux que possible, sans heurt ni fatigue aucune. Il fallut rentrer à Paris…

Julien, si tranquille, s’inquiéta soudain. Il perdit de sa bonne humeur ; et l’échéance tant désirée il y a des semaines l’assombrissait, maintenant que très