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LUC
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près… Julien met son visage contre le visage aimé… Luc soulève à peine sa tête jolie ; Julien la soutient cette tête fragile et adorée ; l’enfant agite un peu ses lèvres.

— … Julien… je vous… de… demande… pardon… aime bien… ami… aimez… aimez… Jean… nine…

Sa tête divinement grave retombe dans les bras de Julien. Julien comprend, et des sanglots secouent tout son être… Il ne quitte pas les mains de Luc ; ces mains qui par moments tressaillent dans les siennes, insensiblement se glacent. On l’a déchaussé, ses pieds sont froids dans le juillet torride…

En la presque immobilité de son corps anéanti, sa bouche seule s’émeut de l’unique plainte sans cesse répétée :

— … J’ai mal… j’ai mal…


Le docteur a tout fait pour enrayer l’action du poison qu’il ignore et qu’il suppose être de l’aconitine… Luc refuse de rien prendre…

Ses beaux cheveux ondulés se développent en adorables floraisons brunes sur un coussin vert et violet broché d’or ; les arcs de ses sourcils et de ses cils sont d’une beauté virile que la mort commence à faire suave et reposée… Ses traits s’angélisent… Sa respiration est imperceptible… Il fait un grand mouvement du bras, et la main de Julien se trouve violemment entraînée jusque sur son pauvre petit cœur tant ulcéré. Julien se penche sur lui. Luc parle doucement, et ses paroles à peine sont distinctes :

— … Deux… deux… seuls… heureux… Julien… merci… bébé… fini… perdu !!!