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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/32

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LUC

çon ? Ange tout simplement, peut-être, probablement. La légèreté aérienne de cette voix n’imposait pas, comme pour d’autres chanteurs, la certitude autour d’elle d’un corps épais et lourd ; une âme suffisait. On en arrivait à penser à l’inconnu en disant : le Chanteur, la Voix, le Soprano, — bien que les notes exprimées fussent d’un déjà grave et troublant mezzo-soprano.

Quelques jours encore, et l’on verrait bien quel est ce Luc Aubry…

Nine, à l’église, avait abandonné tout à fait le souvenir appâli de son enfant de chœur pour s’éprendre ingénument au charme pâle et brun aussi, pensait-elle, aux mêmes yeux d’aigue-marine de l’autre enfant de chœur qu’elle n’avait jamais vu. Elle confondait sous ce nom : enfant de chœur, tout ce qui, gamin et joueur comme elle, chanteurs, clercs ou servants, participait aux cérémonies religieuses. Et sa petite âme, d’avance, préparait à celui-ci des trésors d’admiration craintive où se glissaient, doux et pervers, le tendre frissonnement et les appréhensions de l’amour.