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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/54

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LUC

Luc d’être mis du coup en contact avec ces quatre augures.


Luc possédait cette faculté de provoquer l’étonnement dès qu’il paraissait dans certains milieux où sa présence ne s’expliquait pas tout d’abord, et de conquérir la sympathie sitôt que cette présence un tant soit peu se justifiait. Il n’y eut plus d’attention sauf pour lui quand Déah, après avoir quitté son costume et repris ses franfreluches féminines, eut vanté à table, où ne paraissaient que des mets légers et des vins exquis, le talent de son petit protégé. Cette femme, comblée de toutes les adulations dont se veut délecter le cabotinisme, fut sensible aux compliments de ses hôtes pour le choix de ce nouvel ami. Tous l’en félicitaient, depuis le poète jusqu’au sculpteur pris de l’innocente manie de tracer du pouce, dans l’air, en parlant, le galbe des formes prêtées à la personne mise sur la sellette. Il s’agissait de Luc, Albinet en détaillait le modelé svelte et fin et l’inscrivait dans l’espace en molles courbes gonflées de vie et de beauté.

Après dîner, dans la vaste galerie tout illuminée, le peintre Cavenel proposa que Luc Aubry chantât, puisque, aussi bien, Déah l’avait fait venir pour donner à l’adolescent choyé la consécration de ces quatre artistes un peu légers et fous, mais bons enfants et possesseurs de par leur talent d’une influence certaine sur l’opinion malléable des mondains incapables de sentir, avides de paraître comprendre en marchant à la remorque de notoriétés artistiques.

Comme Déah se mettait au piano, pour accompa-