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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/70

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LUC

voix d’un adolescent, là-haut, s’élève et, divine, berce de sublime harmonie le silence épris du sanctuaire…

Jeannine se lève ; elle s’approche à son tour, se penche, pose sa blancheur sur le grillage d’or, tend sa bouche rouge, fleur ardente en la buée candide de ses voiles… Des larmes perlent à ses yeux ravis et vont à la rencontre du Dieu qui se veut donner. Et comme descendue avec Lui des Voûtes inabordables, la voix câline et douloureuse de Luc s’unit à son Eucharistie et trouble la chair de Jeannine affamée de Printemps et d’Amour…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Et voilà les communiants échappés de l’église ; à nouveau ils essaiment par les rues la pureté fragile des voiles dont le soleil dévore la blancheur. La foule se disperse quand de la bouche de Jeannine, comme autrefois, jaillissent les douces paroles :

— Mais, c’est Monsieur Luc !…

Jeannine et sa mère, en effet, se sont attardées au seuil de l’église où Luc a eu le temps de les rejoindre. Les deux enfants se sourient de loin, bien avant que Luc ait été présenté à sa petite amie. Luc est très brave mais Luc a très peur quand même. Dès qu’ils se sont aperçus, leurs jolis yeux à tous deux ont voulu dire : Enfin nous allons donc nous aborder, rire ensemble, mêler nos jeux, nous raconter comment il nous était pénible de nous taire lors de nos rencontres à l’église où nous nous sommes si vite connus et si profondément compris…

Les regards de Luc signifient : Es-tu grande, et blanche, et plus mignonne encore que je me l’étais