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Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/109

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PARTENZA…

ment de crasses, une coulée de misères indéfinissables, tellement profondes et anciennes qu’elles ont pétri, pénétré les couches mêmes du sol, les pierres et les mauvais mortiers des maisons ; et le soleil qui transfigure et fait jolies certaines laideurs, n’éclaire rien ici que la misère et l’horreur.

Des viandes suspectes pendent, noires de mouches malgré la fraîcheur, aux crochets des étals ; des choses abominables grouillent sur des planches graisseuses, en plein air ou sous les vitres sales et cassées de minables boutiques empuantées ; et tout ce pauvre monde qui vit dans la rue et livre aux regards des passants les tristes intimités de son existence, se nourrit de ces détritus ; je ne puis éloigner de moi la pensée des Mangeurs-de-Choses-Immondes, dans la Salammbô de Flaubert ; et comme mon cœur reflète trop fidèlement les impressions reçues des choses extérieures, j’ai hâte de fuir ces cités de souffrance, où de mignonnes petites filles et d’adorables petits garçons jouent dans les fanges. Leurs jolis yeux sont mangés aussi par les mouches ; ils vautrent des petits corps charmants dans les ruisseaux infects où s’écoulent toutes les pourritures où s’égouttent les linges innomables étendus sur de longues cordes qui coupent les rues et les carrefours, tirant sur les maisons lépreuses, foyers épouvantables de souillures, de douleurs et d’angoisses…

De Naples au Vésuve, passant à Portici, à San Vito, c’est le chemin de croix de la misère humaine ; et les mots restent froids et paralysent les expressions qui essaient de définir tout cela !

6.