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Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/235

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PARTENZA…

Les auvents assombrissent la rue qui se prolonge sur le vieux pont et le traverse ; ils laissent passer de jour juste ce qu’il faut pour allumer des feux dans les perles que vendent les marchands d’orfèvrerie. Il y en a plein des sébiles, des vraies et des fausses ; gemmes précieuses et verroteries de Venise. Elles composent de petites mosaïques de vives couleurs, jetées au hasard, toutes jolies : coraux taillés à facettes ou arrondis et polis, rouges baies d’aubépines et d’églantiers ; opales, cornalines, lapis, agates, porphyres, nacres, turquoises aux blêmes nuances bleues et laiteuses ou tirant sur le vert ; mais plus joli que tout cela, si menu, est le décor de ces constructions rousses, aux larges pans de bois garnis de plâtras entre leurs interstices ; elles regardent, depuis tant de siècles, passer les Florentins élégants dont la finesse de race ne se dément pas. C’est ici que nous avons vu, plus agréables et plus pimpantes qu’à Rome et à Naples, des femmes aux visages très purs, des jeunes filles qui semblent emprunter à la démarche d’une virilité toute neuve et inhabile encore des adolescents, tandis que ceux-ci ont pris d’elles l’ovale parfait du visage, la grâce féminine du sourire et des regards, dépourvus cependant de l’éclat incomparable des yeux napolitains qui sont joie et beauté.

Il a vu passer, le Vieux-Pont, dont chaque pierre effritée et chaque poutre vermoulue concourent à l’harmonieuse vétusté, les orfèvres entre les mains de qui le burin, le ciseau, l’ébauchoir, souvent aussi le pinceau, se disputaient la paternité des œuvres gé-