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Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/280

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PARTENZA…

brunes et blondes comme celles du roi au café et du divin Bambino couché sur sa paille étincelante d’or… Oh ! les beaux yeux mouillés de grosses larmes par les rires interminables ; et ces jolis cris entre-croisés, et toute cette joie exubérante, mutine et gracieuse, jaillie du mâtin sur toute la journée des petits écoliers émus de la splendeur inouïe et puérile de cette Epiphanie que chantaient leurs minces petites voix : O Dio, com’è bello !… com’è bello !

La maman de Pio eut un frissonnement de tout son corps, en passant là ; et le petit Pio qui avait déjà quitté sa main, essaya de rire en tournant du côté d’où venait tout le bruit, vers la Crèche, ses pauvres yeux inutiles qui auraient tant voulu voir aussi.

Alors nous étions devant Or San Michele ; j’y entrai rapidement par une ruelle qu’il faut contourner pour passer dans une autre traversée d’une voûte imitée d’un sotto-portico napolitain ; je poussai la porte et je n’étais pas plus tôt dans l’obscurité douce du sanctuaire, qu’à mon tour un frisson m’enveloppa tout entier ; je fermai un instant les yeux comme pour me recueillir, mais en réalité ce fut pour refouler une sotte humidité que je sentais affluer contre mes paupières, quoique je ne voulusse pas m’avouer à moi-même les larmes que m’arrachait l’inconsciente, mais si intense douleur de ces grands yeux bleus d’enfant qui ne pouvaient pas voir… Ou bien, peut-être, était-ce à cause de ce clair visage de femme qui m’échappait sans retour, à l’instant même où Florence aussi allait disparaître ?…