Aller au contenu

Page:Acker - Humour et humoristes, 1899.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
HUMOUR ET HUMORISTES

entre tes défenses, et je m’incline devant ton arrêt. »

Le petit éléphant ne montra pas trop de surprise ; il remua ses longues oreilles et fixa sur moi des yeux pleins d’une tendre pitié.

« Je ne suis, dit-il, ni dieu ni fantôme. Je suis un petit éléphant, un tout petit éléphant, comme on en voit encore quelques-uns sur la terre africaine. Pourquoi ne m’as-tu pas regardé plus tôt ? Avec un peu de complaisance, j’aurais évoqué en ton esprit toute l’immensité des autres continents. Regarde-moi encore. Ne vois-tu pas les paysages brûlants du pays noir ? le désert de sable, et les lacs fangeux, et les forêts vierges, et les torrents encombrés de rochers ? Ne vois-tu pas les lions rugissant à la tombée du soir, les caïmans qui sommeillent la gueule ouverte, au bord des fleuves, les chacals qui hurlent dans la nuit, les nègres dévorant autour d’un feu les cadavres maigres d’Européens, ou s’enfuyant tout nus à travers les bois en agitant leurs zagaies ? Regarde, regarde… Ne vois-tu pas là-bas, là-bas, toute une caravane engagée dans la brousse, des