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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Avec mon quatuor ?

— Oui.

— Je suis forcée… absolument forcée… Sans quoi !…

— Ah !…

— C’est curieux d’ailleurs que vous ne connaissiez pas mon histoire. Tout le monde la sait en ville. Arlette, c’est moi !

— Enchanté…

— Arlette ! la petite cousine ruinée que ces demoiselles Davernis ont été assez bonnes pour recueillir !… Vous n’êtes donc au courant de rien, cher monsieur ?

— Je vous prie de m’excuser…

— Oh ! je ne vous en veux pas. C’est d’ailleurs un fait qui n’est pas encore entré dans l’histoire de France…

— J’habite Paris, n’est-ce pas ? Je suis arrivé cette nuit par le train de onze heures…

— De Paris ?… vous venez de Paris !… Ah ! que je vous regarde !… Paris !… Paris !

Arlette éprouve soudain une vive émotion. Déjà de se sentir dans ce salon coquet, elle était comme transfigurée. De voir un Parisien, de pouvoir parler avec lui de la ville si chère à son cœur, elle a envie de pleurer. Jacques s’en apperçoit…

— Vous connaissez Paris ? lui demande-t-il avec de la tendresse dans la voix.

— J’y suis née… avenue Kléber… J’avais confiance dans mon Étoile… Hélas !… Enfin ! n…i…ni, c’est fini… Je n’y pense plus… J’y retournerai un jour… ou jamais !… Ça m’est égal… Mais vous… parlez-m’en, dites ?… Vous serez si gentil !

— Que désirez-vous que je vous raconte ?

— Est-ce que vous allez souvent au Bois ?

— Oui, fréquemment.

— Dire que nous nous sommes peut-être rencontrés jadis !

— Qui sait ?

— C’est probablement faute d’avoir fait préalablement connaissance que nous ne nous sommes pas reconnus ?…

— Probablement !