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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Huit ans ? ma cousine, que s’est-il passé, il y a huit ans ?

— Une scène terrible… Nous avions demandé à notre propriétaire, M. de Fleurville, de faire réparer notre nochère…

— Votre…

— Autrement dit la gouttière de notre grenier. Il avait eu l’audace de nous le refuser…

— C’est inimaginable !

— N’est-ce pas ?… Mais, dans une entrevue, qui demeurera célèbre parmi nous, je ne me suis pas gênée pour lui dire comment j’appréciais sa conduite… Je lui ai signifié nettement notre colère…

— Il a compris ?

— Je ne sais pas… Toujours est-il que, depuis ce temps-là, elle fuit.

— La nochère ?

— Oui… L’eau répand de longues taches noires sur le mur. Heureusement c’est du côté de la cour. Mais c’est tout de même fort désagréable ! Ce M. de Fleurville, je le déteste !… Or, figurez-vous que ce matin, à la cathédrale…

L’histoire terminée, Arlette est assez adroite pour affirmer que certainement M. le Grand Doyen sévira avec la dernière énergie contre les coupables…

Cela lui vaut enfin un regard sympathique de Telcide et une phrase aimable, lorsqu’elle sollicite l’autorisation d’écrire une lettre à son frère :

— Vous direz à notre cousin que nous lui souhaitons de réussir promptement dans ses affaires…

— Je n’y manquerai pas, ma cousine…

Arlette, sur un coin de la table de la salle à manger, rédige alors la lettre suivante :

Mon chéri,

Marque sur tes tablettes cet événement sensationnel. Hier soir, à neuf heures quarante-cinq, j’ai fait mon entrée dans le bocal des dames aux chapeaux verts. Je ne prétends pas te donner dès aujourd’hui mon impression définitive. Mais voici à peu près ce que j’ai cru distinguer.

Je ne te décrirai pas la vieille cité, qui aura l’honneur dorénavant d’abriter mes jours. Tu sais que jalousement