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Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/43

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CHAPITRE V


Voici l’heure de se coucher. Après un souper rapide, la prière dite en commun, Arlette est montée dans sa chambre. Elle n’est point triste, mais elle est lasse d’avoir fait, au cours de sa journée, tant de choses vaines. Son esprit est vide. Elle a l’impression d’être loin, très loin… Pourtant il n’est que neuf heures. Elle ne peut tout de même pas se coucher aussi tôt.

Puisque ses affaires sont encore éparses sur les chaises, elle décide d’achever leur rangement. Elle en a tant que ses armoires ne seront pas trop grandes pour les contenir ! Or, en vidant un tiroir des fleurs artificielles, qui y traînent, rabougries, avec leurs calices de coton et leurs tiges de laiton prises dans des tuyaux de caoutchouc vert, que trouve-t-elle ? Une liasse de papiers.

Curieuse, elle les prend. Une couche de poussière glisse en nuage. Sur le premier feuillet, elle lit :

Ceci est mon journal.

Les papiers ont jauni. L’encre a pâli, comme anémiée par le temps :

— Tiens ! tiens ! murmure Arlette. Est-ce que par hasard j’aurais mis la main sur un trésor ? Le journal d’une des demoiselles Davernis ne peut être qu’une chose précieuse ! Comment devient-on vieille fille ? me suis-je souvent demandé. Quels sentiments éprouve-t-on à mesure qu’on voit le monde se resserrer autour de soi et qu’on assiste à la mort lamentable de tous ses rêves, tombant un à un comme tombent les roses d’un jardin ? Ce manuscrit va me