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Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/55

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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

line, tissu pour jeunes filles ! Je ne connais rien de plus correct. Comme garniture, rien que quatre petits pois brodés noirs au bas des manches ; une dizaine d’autres au tour du cou ; et une vingtaine au bord de la jupe… Ce n’est pas exagéré… Est-ce que vous craignez que M. le Grand Doyen n’aime point les petits pois ?

— Mon enfant, vous êtes…

— Je vous fais le pari de le lui demander.

— Vous êtes une petite sotte, dont les bras et le cou sont outrageusement dégarnis…

— Je vais changer de robe…

— Non, non, trop tard. Vous vous excuserez…

— Je ferai selon votre désir, ma cousine…

Arlette entre dans le salon au moment où le prêtre commente pour Rosalie et Jeanne les détails de la gravure, qui est attachée au mur et qui représente le siège d’Arras. Aussitôt il vient vers elle et lui tend les mains. Mais elle, reculant d’un pas, s’incline en pliant un genou et déploie sa robe pour la plus gracieuse des révérences :

— Voilà ce qui s’appelle me recevoir de façon fort convenable, prononce M. le Grand Doyen.

— Notre cousine Arlette, dit Telcide, est infiniment flattée que vous ayez daigné lui rendre la visite qu’en paroissienne respectueuse elle vous avait faite…

Mais ce genre de phrases cérémonieuses ne plaît guère à M. le Grand Doyen. Il y répond par des hochements de tête paternels. Pas davantage ! Il préfère une bonne conversation franche et cordiale :

— Ma chère petite, dans quel quartier habitiez-vous à Paris ?

— Dans le quartier de l’Étoile, monsieur le Grand Doyen.

— Vous deviez aller vous promener fréquemment avenue du Bois ?

— Oui. Chaque matin.

— Je connais assez bien ce quartier. Une de mes cousines, qui est d’ailleurs paralysée, a son appartement au Trocadéro. Elle ne me pardonnerait pas si je n’allais pas la voir au moins tous les six mois… J’aime d’ailleurs beaucoup Paris…