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Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/67

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CHAPITRE VIII


Arlette croyait avoir exploré toute la maison. Brusquement elle avait pensé au grenier. Il était possible que la suite du journal fût là. Comme elle tenait absolument à la découvrir, elle avait commencé la visite complète de toutes les caisses. Le hasard l’avait favorisée. Elle allait juste descendre, porteuse des précieux papiers, lorsqu’elle avait entendu dans l’escalier le monôme de ses cousines…

Le soir, dans son lit, les reins bien calés avec son oreiller, penchée sur le côté pour tendre les feuilles à la lumière, elle continue sa lecture.


16 mai.

Il s’appelle M. Hyacinthe. Son petit nom est Ulysse…

Je ne l’ai plus rencontré… Mais depuis que, du trottoir, il est descendu pour me livrer passage, je n’ai qu’à fermer les yeux pour le revoir en moi-même.

Il doit être âgé de trente et un ou trente-deux ans. Grand, fort, il a la tête puissante. Son visage respire la réflexion. Il n’est ni mièvre, ni anémique. Son nez m’a paru ample et bien découpé. Sa moustache est légère et ses lèvres abondantes. Des favoris blonds frisent sur ses joues. On croirait des flammes courtes « autour du foyer de son intelligence ».

Son regard, plutôt bas, est celui d’un penseur. Il doit porter des lunettes à la maison…

Depuis des années, on le voit vêtu du même pardessus beige. Ce qui pourrait paraître aux autres d’une grande mono- tonie me semble, à moi, parfait. Car je déduis de cette circonstance les choses les plus favorables :

1° C’est un homme de goût. Jamais un ouvrier ne porte un pardessus beige ;

2° C’est un homme peu dépensier. Car il sait conserver longtemps ses vêtements ;