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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS


3 août.

Non, décidément, je ne veux plus penser à lui.


4 août.

Je l’oublierai, je le jure.

Monsieur Hyacinthe, adieu !


17 août.

Je suis une faible fille. Je ne songe qu’à mon serment de ne plus penser à lui…

De sorte que je ne pense qu’à lui !


25 août.

M. Hyacinthe est rentré avec sa mère. Il n’a pas attendu la fin des vacances.

Dès que j’ai appris la nouvelle, je suis passée devant sa maison. Les persiennes étaient ouvertes.

Quel bonheur !


27 août.

Nous nous sommes rencontrés chez les demoiselles Lerouge. Les vacances lui ont fait un bien ! il a une mine ! Il est gros, rose…

Malheureusement, Mlle Félicité nous a offert des caramels, qu’elle avait reçus d’une de ses nièces. M. Hyacinthe, qui en avait mis un tout entier dans sa bouche, était très gêné pour parler. C’est bien en vain qu’il essayait, avec des tortillements de lèvres et de grands coups de langue, de le faire passer d’une joue dans l’autre. Il était congestionné. J’avais peur qu’il n’étouffât.

Enfin, comme nous étions assis l’un à côté de l’autre et que ces dames bavardaient ensemble, il a fini par pouvoir me dire ce qu’il n’avait pu achever l’autre jour : De sa belle voix caverneuse, il m’a demandé :

— Vous rappelez-vous exactement le point où nous avons laissé notre dernier entretien ?

— Sous le parapluie ?

— Sous le ?… oui… Vous ne désirez pas que je résume en quelques mots ce qui a été son objet ?…

— Je m’en souviens très exactement… Après la classe vous rentriez à la maison où vous attendait votre maman.

— Merci de n’avoir pas oublié… merci… Dès que je rentre, je raconte à maman les divers incidents