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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/187

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VI

À madame veuve Virginie Héricourt,
chez Messieurs Lyrisse,
au Château des Ducs,
par Varangeville-lez-Nancy, en Lorraine.


Paris, ce 18 septembre, l’an 1814.


« Ma bonne Virginie, je compte que la malle-poste t’a ramenée sans aventure jusque en Lorraine, avec Omer ; et que tu as trouvé le château libre de Cosaques, comme nous l’avait promis M. de Talleyrand. Il serait inopportun et malséant de feindre au regard de toi. Je m’ébroue encore après toute une grosse querelle avec le comte qui ne m’a point celé son ennui de tenir la promesse de fiançailles entre notre Denise et mon Édouard. La chute de Buonaparte et le retour triomphal de Louis le Désiré ont brouillé ses opinions de l’an 1800, où il m’épousa encore qu’entachée de roture, et autant ses opinions de 1789 quand, à l’âge de jouvenceau, il baisait les mains au comte de Mirabeau à la grille de l’Orangerie de Versailles. Il ne parle que de son émigration, de son voyage à Coblentz. L’hôtel est rempli de messieurs revenus d’Angleterre par la dernière marée, et qui se pavanent en redingotes à la La Rochejaquelein avec un sacré-cœur de drap rouge cousu sur la poitrine,