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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/263

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tution, comme on y avait forcé Ferdinand VII et Ferdinand Ier. Les bonapartistes montreraient aux ultras que la nation ne tolérait pas l’hypocrisie des émigrés proclamant : « La Charte a consacré la Contre-Révolution ! »

― Sais-tu, mon petit, qu’à la veille de l’entrée du roi par la porte Saint-Denis, le tzar lui fit tenir ce billet à Saint-Ouen : « Si la constitution qu’a rédigée le Sénat n’est pas reconnue, ON n’entrera pas demain à Paris… » Hein ?… Quand on est revenu honteusement au milieu de la patrie en deuil, dans les fourgons de l’étranger, on respecte du moins les pactes signés avec l’ennemi !… Qu’en penses-tu ?… Hein ? On respecte la Loi qu’il vous a donnée, d’accord avec les vaincus !

Omer se flattait d’être en paroles, au moins, traité comme un égal. Il essaya de tout comprendre. Bien différentes paraissaient à son égard la confiance loyale du capitaine et les allures despotiques des jésuites. L’oncle lui parlait comme il l’eût fait au colonel Héricourt. Il ne distinguait pas le père du fils, sinon pour enseigner à celui-ci les principes de l’équitation. Dans les auberges, il présentait l’adolescent avec des louanges adressées aux exploits du mort. Maintenant grossis du ventre, et le visage mou, les yeux trop petits dans des faces trop larges, et des favoris gris cachant l’ampleur mûre des joues, les demi-soldes n’en étaient pas moins les héros extraordinaires de la victoire. Ils recevaient l’enfant comme un vieux compagnon de leur grandeur, capable d’entendre les redites glorieuses avec une attention neuve.

De son importance imprévue Omer remerciait, au fond du cœur, cet oncle admirable. Celui-là, d’abord, avait accompli tout ce que narraient les autres. Ulm, Austerlitz, Iéna, Wagram, Borodino ; ce n’étaient pas seulement des noms pour Edme Lyrisse, c’étaient les heures pathétiques de sa vie. Et il ne s’en montrait pas