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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/378

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s’amusent de voir enfler les tumeurs de la décomposition sur les paupières mahométanes. Il faut dire qu’à Constantinople, en avril, les turcs ont massacré tous les grecs du fanar, et ceux du port. N’empêche, je n’avais jamais assisté à tant d’horreurs, même en Russie, quand, le sabre au poing, nous nous disputions les reliquaires d’or byzantin dans les rues de Moscou en flammes. J’ai vu des souliotes attacher à la queue de leurs chevaux les femmes toutes nues d’un harem, et se lancer ensuite à la charge contre les janissaires. Les malheureuses, meurtries par les fers des bêtes au galop, poussaient des hurlements atroces dans la mêlée. Les turcs, pour leur éviter le déshonneur, les tuaient à coups de cimeterre ; et, tout acharnés à cela, ils ne s’occupaient point de leurs adversaires, qui les décapitaient alors le plus commodément du monde. C’était la raison pour laquelle les descendants des atrides agissaient ainsi. " nous ne faisons pas la guerre de même façon ; chaque pays a ses mœurs particulières. Je ne crois pas qu’un français puisse regarder sans frémir un grand gaillard, en veste de soie bleue passementée d’argent, s’asseoir, pour fumer son chibouk, sur un tas de cadavres couverts de sang caillé, parmi lesquels une sorcière étique écarquille des yeux vitreux que rongent des insectes d’azur. Voilà ce que j’aperçois de ma place, en t’écrivant sur un baril. Cet Achille arrange coquettement un fez sur ses longs cheveux noirs. Il veut plaire sans doute à la misérable Briséis qu’il attire entre ses genoux d’une main énorme nouée aux deux poignets délicats. Elle se tord comme un ver, dans son large caleçon de brocart rose, et lui mord les doigts. Il ne lâche point. Il a fini d’assurer son fez ; il déchire l’écharpe de la captive… je voile ici le tableau, qui n’est pas pour les petits garçons comme toi. " au reste, j’envoie une assez méchante description