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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/383

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le respect que je doive à des parents vénérés, je ne puis cependant vivre toujours dans l’antre du crime et du sacrilège. Je tremble que ma foi ne me fasse un devoir de révéler ce que ma piété filiale doit celer à tous. Et si je cédais aux exhortations d’un confesseur scrupuleux, si j’éclairais la justice sur les complots abominables qui se trament dans ma demeure ? Ou être damnée pour avoir tu un exécrable régicide, ou livrer au bourreau la tête de celui qui m’engendra : telle est l’alternative dans laquelle je me débats à chaque heure du jour et de la nuit. Aie pitié de moi, mon fils. Prie Caroline de m’arracher d’ici… ces souffrances morales m’excèdent. Faudra-t-il donc affronter les supplices de Satan, après la plus triste existence de veuve ? J’entends déjà siffler les lanières des démons sur mes pauvres membres. Et tu pourrais, si tu le voulais, en te consacrant à Dieu, apaiser mon âme. Pourquoi ne le veux-tu pas, mon enfant ? Pourquoi, fils cruel, te refuser à mon vœu le plus cher ? Et tu écris que tu m’aimes ! Je suis vaincue par mon père et par mon fils. Je suis donc maudite de Dieu, moi ! " devrais-je correspondre ainsi, mon Omer, avec toi ? Tu es en vacances ; tu te réjouis auprès de Caroline et de tes cousins ; et je viens, en mauvaise mère, troubler ta joie. Mais à qui confier de telles douleurs, sinon à un fils. Tu es mon seul espoir. " souvent je me plais à rêver de notre vie commune, plus tard, bientôt, dans le presbytère. Je t’aperçois. L’auréole de la piété sincère illumine ton front. L’habit sacré recouvre ton corps pur. Je m’assieds auprès de toi, à la porte d’une humble demeure bénite. Je te regarde, tout étourdie de bonheur. L’angélus du soir tinte au clocher de ton église. Le souffle des archanges balance les feuilles. Enfin autour de nous il n’y a plus de sang. à ta voix, les chrétiens se rassemblent et s’aiment. " la