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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/447

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officiers des chasseurs de l’Allier ont mis à leur tête le colonel Caron aux cris de : « Vive Napoléon II ! » pour le livrer quelques heures plus tard à la police, en l’injuriant d’une façon ignoble ? Outre cela, le maréchal des logis Wœlfeld use du même subterfuge pour s’emparer du général Berton qu’il attire traîtreusement dans une auberge. Et ces bandits qui manquent effrontément à l’honneur militaire reçoivent, au prix de ces trahisons infâmes, l’épaulette d’officier ! Voilà bien des crimes pour assurer une couronne. tantœ molis erat romanam, condere gentem !

Le docteur Caffé avait mis au monde ton cousin Omer. Il est en prison, comme le sont Jaglin et Saugé pour avoir crié à Thouars « Vive la république ! » ce qu’on n’avait pas entendu depuis la Convention. Et leurs têtes branlent sur leurs épaules !…

« Ah ! Mon cher enfant, quels que soient ta conscience et ton devoir, même si tu revêts la soutane du serviteur de la miséricorde divine, pourras-tu condamner, toi aussi, la mémoire de ces grands soldats qui continuent la bataille immortelle de la Révolution contre les crimes de la tyrannie ; et qui la continuent seuls contre l’Europe, les armées des souverains, le sommeil des peuples et la volonté des dieux ? Non, tu ne les condamneras pas, parce que tu apprendras à respecter leurs idées dans la personne d’Edme et dans la mienne. Je n’en veux pas douter.

« Les amis qui nous arrivent en foule de Saumur et de Paris, pour échapper au martyre, nous avisent qu’à Vérone les tyrans complotent d’envoyer ici les armées de Caligula. Il va renforcer le corps d’observation, aux Pyrénées, pour rétablir ensuite le pouvoir absolu à Madrid, comme à Naples et à Turin. Cela seul nous porte, ton oncle et moi, à causer parfois de politique, au café, ou entre nous. À la vérité, nous nous occupons uniquement de vendre des chevaux, et le marché