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Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/109

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'l04_ LE ssnvem Nom trop vive du soir; choses funestes mais inévitables, et devant lesquelles il s`agit, apres tout, de s’aguer- rir, l’humeur égale, pour ne point se laisser distraire de sa méditation. ' J`étais un inconvénient de sa pauvreté, le peu- sionnaire désagréable qu'on supporte à cause du rendement pécuniaire. Depuis que j’avais chassé de la conversation ses espoirs d'intéresser la Compagnie, il n’en soufflait plus mot. ']`out de suite il avait renoncé, sans plus de lutte. Et ses yeux uiaient à l’avance, lorsque sa femme, par des_allusions dis- cretes, essayait de me faire dire une parole encoura- geante. ' Mais, au laboratoire, il parlait surabondamment, . avec moi, de toutes les théories célèbres ou obscures. Il entendait m’éblouir de son savoir, d’ailleurs consi- dérable. Maniaque, il disposait les éprouvettes, les fourneaux`, les instruments, d'après une sorte de rituel. A ma deuxième visite dans sa buanderie, il voulut me faire comprendre un phénomène de putré- faction locale des tissus : il me saisit la tête et me contraignit, en pesant, de toute sa force, sur mon cou, a coller l'œil contre la lunette du microscope. Cette farce de collégien l’enehanta comme ses jeux avec Gilberte qu’il poursuivait, a la course, le. long des terrasses, ou'par les éboulis de rochers, lui plus agile, bien qu’apres l’avoir atteinte, il .lui arrivât de pâlir affreusement sous les rosées de la sueur. Un soir, il nous conduisit tous devant la conûserie de sardines proche de Keryannic. La lune illuminait la lande morne, les longues bâtisses blanches, la foule des travailleuses et des travailleurs au repos