Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/179

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174 LE SERPENT mem d’un torchon noirci par le contact du fourneau, tacha mes souliers de daim, à l`heure du départ. Je me fàchai. Rien ne me désoblige comme l’incident qui me fait paraître en public sans im air de supréma- tie a peu près indiscutable. Anne—Marie ne supporta V point l’aspect de mon visage eonvulsé par la colere. Une moue _tordit sa bouche puérile. Des larmes se précipitèrent le long de ses joues. Deuxième ennui. On pouvait venir. Il fallaitla consoler vite et jovia- lement: ` ` ——— Arréte le déluge!... Où donc est mon arche de Noé?... e , - _ Je feignis de chercher cet ustensile biblique, avant de la saisir. Furibonde, elle se débattit, m’échappa. J’observai la résurrection d’une certaine rancune, fort bien contenue depuis mon brusque triomphe sur sa pudeur. Elle commença par geindre en rajustant son ample collerette, qu’avait passablement chiffonnée _mon embrassade paciiicatrice. — Monsieur est trop méchant avec moi... —— Anne, ici`! —-— criai-je, en imitant, de façon bur- lesque, l’accent impérieux du chasseur qui appelle son chien. Elle regimbait; Ses yeux ·séchèrent... Elle me consi- déra, des pieds a la tête, avec une affectation de dégoût. Je devenais déja tel que son remords me redoutait: un maître exigeant, au lieu d’un amant attendri. En effet, de l’aventure, j’avais voulu tirer ‘ ncette assurance de l’emporter en toutes choses futiles . ou graves, cette assurance que nous confirme la plus mince victoire sur la'vertu de nos voisines, et sur la volonté de nos voisins. C’est· là un exercice qu’il importe de ne pas négliger, si l’on souhaite la force