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Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/184

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LE SERPENT Nom HE) — Oh! soyez tranquille : je n’ai rien vu! — Mais je ne me cache pas!... Mes intentions étaient remplies. Désormais la veuve ne craindrait plus que je ne lui lisse la cour. Mon cynisme l’amusa. < Alors, vous agacez la femme de chambre? Narquoise et charmante, elle s’appuyait a la table, pour contenir sa joie de belle fée. . Je me défendis de nourrir des passions ancillaires exclusivement; et j’expliquai mon cas. Des que j’arrive dans un pays, je goûte au vin du · cru, aux pâtisseries indigenes, aux plats régionaux; je tue et mange son gibier. De même, je recherche les complaisances de ses filles. Elles m’informent de la race. Par leur langage, leurs gestes, leurs mœurs . et leurs manieres d’aimer, elles me laissent une impression vive de peuple autochtone. L’impression demeure. Auparavant,j’ai interrogé quelque encyclo- · pédie sur la constitution géologique de la province, son aspect montagneux ou plat, sur le régime des e'aux, les productions agricoles et industrielles, sur l’histoire locale. Le souvenir d’une amoureuse m’est un excellent moyen mnémotechnique pour fixer en moi toutes ces notions nécessaires au déploîment de · mes négoces. Ainsi jegarderai mieux la mém oire de _ce que j’appris sur les Celtes, parce que ces études se trouvent associées dans ma cervelle aux plai- sirs qu’Anne-Marie me permit de prendre avec elle... Que j’oublie le chiffre de la production an- nuelle du sarrasin, chose bonne a. savoir, je mo dirai : « Anne-Marie, le joli teint pareil a du fard, le sourire bien plisse, les taches de roussour au= tour des yeux profonds, la nuque hâlée par le