Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

196 LE semwmvr nom je n'éprouve, a cette idée, nul remords. ll n’y avait pas de comparaison entre la valeur de ces deux exis- tences : celle d’une écolière nerveuse et celle d’un · manieur d’aflaires destiné à développer considérable- ment plusieurs branches de l’industrie chimique. Cette jeune pécore ne sera, dans l’avenir, qu’une jolie femme dépensière et inutile. Moi, je puis trans- former le commerce français des produits pharma- ceutiques en un rival du commerce allemand, et modifier ainsi la puissance de deux États. « Un peu- ple -— écrit Nietzsche — est un détour de la nature pour parvenir à six ou sept grands hommes... » Sans prétendre à être l’un de ces grands hommes, j'estime, avec mon philosophe, que l’individu dans le troupeau doit succomber au bénéfice de l`individu dans l’élite. C’est une morale sociale. Quand on possede de fermes principes soigneusement triés, on ne peut se repentir·d`y conformer ses actes même les plus cruels en apparence, il moins qu’on n’ait l`esprit « femme ». « Celui qui lutte contre les monstres doit voir a ne · pas le devenir lui-même », écritencore Nietzsche. .l’ai lutté toute ma vie contre le monstre compassion, comment n’eussé·je pas été content de ma nouvelle victoire ? Aussi madame Hélène, à m’envisager, ne douta plus que sa ülle n’inventàt, par démence, le récit d’un péril illusoire. Lorsque Mm La Revelliere, inquiete du retard, nous reçut dans le salon de Keryannic, elle se lamenta sur ' le malaise de la fillette encore émue de tremblements bizarres. D’abord salutaire pour l`anémie de la jeune malade, l’air de l'()céan commençait aa trop exciter ses nerfs délicats. Au mois de juin, le docteur