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Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/242

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` LE sisarnnr Nom 237 remords appelés par son imagination craintive. Ses sentiments a l’égard de Mm" Goulven et du docteur provenaient du même principe. Faible, elle se don- nait aux protecteurs. Son üancé l’avait prise un jour ' qu’un bœuf effroyable galopait à travers champs, la corne basse et le mufle baveux. De l’Océan, elle parlait avec terreur. Si je m’étonnais qu’aucune , maison n’eût été construite sur la cote sauvage, devant le spectacle du large infini, Anne-Marie joignait les mains. En ce lieu, disait-elle, les rafales d`hive1· · bousculent les hommes les plus solides; Même sur la terre ferme, elles repoussent la porte contre qui l’o uvre au dedans, et, souvent, vous la jettent a la face, vous blessent. Les grands flots noient les plus hautes roches. Les vagues raclent les grèves, et parfois enlèvent les pêcheurs de crabes dont les cadavres sont roulés, ensuite, parmi les dents des roches, avec leurs linceuls de varechs et d’alg11es. _ Je remarquais au reste que, dans les vallons et les . chemins creux,_les venelles etles rues, Anne—Marie se [disposait a la joie, tandis que sur les plateaux et les falaises elle•inclinait a la tristesse. L’espace des eaux la navrait. Elle grimaçait au vent qui secouait rude- ment sa robe, ébouriffait sa chevelure, ébranlait les brides recercelées de. sa coifie, retroussait le lampas de son tablier amarante. Telle que toute sa race, elle aimait a se clapir loin de félément dévorateur, et le dos au vent. Eux-mêmes, les. hameaux de l`ile sont tou- jours abrités par les plis du terrain, ou bien orientés vers le détroit et la plage de Quiberon, vers cc qui n’est pas le mystere de l’étendue. _ Au Christ, à la Vierge, aux Saints, M“‘° Goulven aussi confiait son âme tremblante devant le destin