Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

. LE snnrnmj Nom 3'L7 de vivre en santé, en vigueur, en triomphe près de cette initiatrice, il bayait a la merveille. _ Que savait—il dire afin de tromper sa femme? Par- ~ fois il lui prenait la main, et la serrait longuement. Elle hochait la tête avec un sourire dolent, puis regardaiit s’élargir le fleuve désert, s’abaisser les rives, et se découvrir les pays lointains aux clochers droits. L’eau soyeuse bruyait contre les flancs du petit vapeur poussif. Le courant inclinait les balises. Mm° Goulven s’intéressa longtemps à ces longues perches flexibles plantées dans le chenal, et que nous dépassions, que nous laissions en arrière, sans qu’elle cessât de mesurer leur faculté de résistance contre l’élan du flux. Le cours formidable de la nouvelle vie envahissait aussi le chenal inutile des anciennes prudences, bousculait les balises de la vieille morale. Il fallait que l’amour de l’épouse se depassàt, qufil devint quelque chose de vraiment surhumain ...l . Ce fut ce que j’expliquai au docteur, le soir, quand les ombres violettes s’affaissèrent sur la contrée; quand. au ciel pâli, scintillèrent les points rares des premieres étoiles; quand le fanal vert monta vers la cime du mât, au bout du tilin : - Ta femme doit à sa charité théologale comme et son amour, s’ils sont sincères, de remplacer loyale- ment votre malaise actuel par la paix contempla- tive d’un cloître, celle que rêve, du reste, sa piété. ·Quant à toi, j’ignore pourquoi tu refuserais a la science et aux hommes de parfaire ton sérum qui protégera les multitudes menacées par les fièvres. 'Votre devoir réclame évidemment, de vous deux, le sacrifice de votre sensiblerie présente Et cette œuvre 18.