Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/396

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Q`. LE SERPENT Nom 3%

  • toute considération morale ou religieuse... Je te serai

charitable jusqu’au bout, Jean, jusqu’au bout... Je te rendrai libre, Jean! Elle ravalait un sanglot. Brusquement, il se retourna ` vers elle, et s’adossa contre la balustrade. Les cavités de ses orbites étaient obscurcies, Sa bouche trembla. —- Que veux—tu dire ‘? -· Ce que tu penses,... ce que tu espères depuis longtemps déjà... Oh! oui... ce qui t’apparait comme un rêve d’avenir glorieux, comme un rêve de félicité sans nom... G’était l’amertume du reproche et l’amour du sacri- lice qui faisaient l’émotion de sa gorge, de son mur- mure,. La victime se résignait. — Quoi donc?... ' i _ — La richesse d’Hélène t`aidera ...· Car... tu vas- ` divorcer, Jean!... Et je ne résisterai pas. Enfin elle se déterminait! Mon œuvre était accom- plie. Je remerciai ma sagesse et mes obstinations..- Entre toutes mes entreprises, celle—ci n’était certes ` pas la moindre. Ma logique avait vaincu les traditions ' d’une race routinière, les scrupules de la foi, Pégoïsme d’un amour très fort. Et j’allais voir succomber aussi les sentiments de la compassion. Goulven ne savait comment faire pour contenir sa joie, s’assurer de la vérité, prodiguer les marques de sa gratitude, et les vaines consolations. ll suffo— - quait. Son regard pourtant me signitla moins sa reconnaissance que son‘étonnen1e11t de ma victoire. I Moi—même j’étais tout arrogance sur la mer et sous le ciel. Mes libres nerveuses vibrèrent. J’eus envie de p piaffer et de courir. `Un effort me fut nécessaire pour , refréner mon excitation. .