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Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/20

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logie doctrinaire. Je ne pouvais prononcer une parole sans m’attirer quelque épithète dont je saisissais mal le sens par ignorance, mais dont je subissais le dédain.

Il est difficile de s’imaginer l’infatuation des partisans d’Auguste Comte à cette époque.

Un positiviste tenait en sa main, sans qu’il fût permis de le contester, le passé, le présent et l’avenir. Il avait en sa possession toutes les formules définitives. La science et la philosophie, dominées par l’esprit positiviste, se courbaient sous la férule du Maître, du « seul » qui, parmi les grands réformateurs de l’humanité, eût compris « la pleine universalité ».

Tout ce que la conception humaine croyait posséder en dehors du positivisme devait se dissoudre en lui : religion, savoir, vie sociale, etc., etc. Lorsque M. La Messine prononçait le mot humanité, on sentait l’écrasement, car il fallait, comme lui, évoquer, à ce mot, tout ce qu’avaient été tous les hommes depuis le premier, tout ce qu’ils étaient présentement sur le globe, tout ce qu’ils seraient dans les siècles des siècles !

On ne m’eût pas fait dire : « Amen. » J’écoutais, opprimée par ces imposantes affirmations, mais je finis par en être à ce point outrée que je me jetai tête baissée dans la lecture des très épais, des très nombreux volumes d’Auguste Comte.

Oh ! la fatigante longueur des phrases, la