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Page:Adelswärd-Fersen - Le baiser de Narcisse, 1912.djvu/23

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CHAPITRE II



De ce jour-là, l’influence de Lidda avait définitivement prévalu sur celle des autres femmes. Elle était séparée de son enfant, mais elle régnait. Elul, pour la rendre plus belle et plus désirable, descendit dans les caves secrètes que les vieilles esclaves disaient remplies de trésors, et remonta chargé de ces colliers ouvragés qu’on fait en Thrace, avec des perles de Mytilène et des pierres bleues d’Alexandrie. Lidda s’en parait, évoquant ainsi les statues d’Aphrodite couvertes de joyaux par leurs adorateurs. Et désormais, symbole de sa prison dorée, le bruit des petites chaînes et des mailles précieuses accompagnèrent le glissement soyeux de ses pieds blancs. Quant à Milès, on le mit sous la garde d’un homme qui vivait depuis dix ans dans le servage d’Elul. Nul n’aurait pu dire de quel pays du Sud il venait. Séir parlait un patois inintelligible où des mots grecs s’enchevêtraient d’exclamations gutturales comme en