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Page:Adelswärd-Fersen - Le baiser de Narcisse, 1912.djvu/49

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CHAPITRE VIII



Le soir était venu ; il tombait doucement sur le ciel comme une paupière vaporeuse. Une seule bande de pourpre, pareille à quelque brusque déchirure, illuminait l’horizon et en faisait un blessé. Dans le calme du crépuscule les bruits de la ville montaient, plus distincts, fragilisés. Sur la mer encore claire, le temple d’Adonis-aux-mains-d’ivoire détachait ses portiques maintenant obscurs. Et si les trépieds des terrasses successives n’avaient pas brûlé leurs aromates aux flammes vertes, l’on se serait cru simplement à la fin d’un beau jour.

Mais soudain des hymnes retentirent, modulant les paroles de Calpurnius :

Sur la flûte à dix trous qui siffle un peu mièvre
Je ne sais quel air doux, et triste, et nonchalant,