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Page:Adelswärd-Fersen - Messes noires ; Lord Lyllian, 1905.djvu/185

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MESSES NOIRES

Skilde, agonisant. La pipelette, au milieu du vacarme, m’expliquait qu’on avait dans la nuit rapporté le poète d’un café quelconque, évanoui, terrassé par une attaque au cœur. Depuis, il n’avait pas repris connaissance.

— D’un café dites-vous ? Je sais… je sais… pauvre grand homme !

— Soudain, dans un remous, une voix s’élevait, celle du moribond. Ah, mon cher, je l’entendrai toujours. Dressé sur son séant, repoussant d’un geste tous ces curieux et tous ces frocards, il appela lord Lyllian dans son délire. Râlant, les yeux désorbités, avec une menace épouvantable, il lui montra le poing, articula je ne sais quel blasphème, puis retomba, inerte, lamentable, épuisé.

— Ensuite ?…

By Jove, voilà des bavards ! interrompait, joyeux, Renold, en faisant irruption dans le boudoir. De quoi s’agit-il ? Je parie que Chignon blague ? De quoi s’agit-il. D’une partie pour ce soir, d’un amant pour demain ? Dépêchez-vous, je m’en vais…

— Fini de rire, my Lord. D’ailleurs à quoi bon sortir ?…

— Une visite et une surprise !…

— À qui ?

— À mon vieux Skilde !

— La surprise, c’est pour vous…

— Et pourquoi ?

— Il est mort.