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Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/20

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sauvageries ; ce sont de vraies brutes.

Mercredi 12 août

Mme des L. qui a veillé toute la nuit, me réveille à 5 h. ½ comme d’habitude et je puis aller à la messe à l’ambulance de Mme de N., presque en face de la nôtre.

Vers 8 heures, un major vient voir nos blessés et les trouvent tous en état de partir ; on presse un peu l’heure du déjeuner, on refait les paquetages et ils se préparent au départ, tous tristes de nous quitter et de quitter une maison où l’on était si bien. Ils nous ont tous remercié de tout leur cœur ; l’un d’eux surtout, Beauseigneur, brigadier au 11e dragons de façon particulièrement touchante. Il nous a dit qu’il espérait être bientôt en état de retourner au feu, et qu’il penserait à nous en chargeant. Nous aussi avons regretté tous ces braves garçons, auxquels nous nous étions attachés depuis cinq jours que nous les soignions. L’ambulance paraît bien vide maintenant.

Nous invitons le Dr Ihler à déjeuner avec une des infirmières ; il nous apporte une bouteille de vin d’Alsace, récolté dans la propriété de sa belle-mère, à Thann ; nous la buvons joyeusement au succès de nos armées et à la reconquête de son pays d’origine.

Quelques minutes après, on m’appelle pour me montrer une nuée de cigognes, qui volent au-dessus de notre jardin ; c’est la première fois que je vois de ces oiseaux. Les pauvres bêtes ont quitté l’Alsace, chassées par