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Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/58

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pas.

Mercredi 2 septembre

L’investissement de Belfort paraît de moins en moins probable, il n’y a plus ni troupes allemandes, ni troupes françaises de ce côté, on ne fera plus rien par ici.

Mme des L. reçoit une lettre de son ami le commandant Gascoin ; elle lui avait écrit par aéroplane, et c’est par aéroplane que la réponse lui revient, c’est assez amusant.

Les photos ne sont pas brillantes, je ressemble tout à fait à une citrouille.

J’écris à Bresles pour avoir des nouvelles.

La bataille qui se livre actuellement pourra-t-elle couper la marche allemande.

On nous apporte un petit boulet creux destiné à contenir la nouvelle poudre Turpin ; le gouvernement français aurait demandé aux puissances l’autorisation de s’en servir, les Allemands employant des balles dum-dum. J’espère bien qu’avec cela on pourra anéantir le plus d’ennemis possible.

Mme des L. me rapporte un brin de bruyère cueillie par Mlle Tissot sur le champ de bataille de Montreux Vieux en Alsace, où elle s’est rendue en fraude ce matin avec un officier. Je le serre bien précieusement comme une relique, en attendant que je puisse un jour en cueillir moi-même.

Mme de N. vient prendre le thé après avoir accompagné Mme des L. et Mlle R. au cimetière sur les tombes des officiers et soldats morts à l’hôpital des suites de leurs blessures ; j’essaierai d’y aller à mon tour, quoique je n’aie pas de permis pour passer la porte, en prenant celui de Mme des L.. Il s’agira de ne pas se faire pincer ! Cas de conseil de guerre !