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Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°3.pdf/26

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vois partir avec un peu d’envie : l’Alsace, quel rêve, quand donc irai-je à mon tour ?

Je passe ma journée dans les paperasses et suis complètement abrutie le soir.

Renée rentre ravie et très émue de sa tournée. Comme je la comprends ! À Lauw, elle voit sur la route des chasseurs à pied, elle fait arrêter l’auto et demande à l’un d’eux : « Pourriez-vous me dire, monsieur, si le lt Morel Deville est par ici ? — Mais c’est moi, madame. — Oh, monsieur, il faut que je vous embrasse de la part de votre tante ! » et elle lui saute au cou. Ahurissement de Paul, on s’explique, il tâchera de venir ici demain. C’est le premier officier français qu’elle a rencontré en Alsace !

Rien à faire pour nous deux dans les ambulances de Thann, déjà occupée par les religieuses du pays, et où d’ailleurs les blessés ne séjournent pas : mais M. Béha voudrait nous faire venir au moment des combats pour les premiers soins à donner près du champ de bataille ; on nous prendrait en auto, la nuit au besoin, et nous reviendrions ensuite à Belfort. Ce serait le rêve.

M. Béha nous réinvite à la fête de sa décoration ; ce sera encore une journée intéressante, mais quand sera-t-il possible de la faire ?