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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/132

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longe encore souvent jusqu’à une très-grande distance sous la nappe de blocs. On remarque rarement à la surface des nappes de blocs de ces alternances brusques de niveau, comme on en rencontre en longeant les moraines latérales et les moraines médianes, mais elles ont ordinairement une tendance à se déprimer vers le milieu ; c’est tout le contraire de ce que l’on observe dans les glaciers dont la surface est à découvert, et où le centre est renflé, tandis que les flancs sont ordinairement déprimés.

Jusqu’ici je n’ai observé le phénomène des nappes de blocs que dans les glaciers composés. Je citerai comme exemple le grand glacier de Zmutt, dans la vallée de St-Nicolas, qui se compose de la réunion de cinq glaciers, et dont la surface est entièrement recouverte de blocs jusqu’à un quart de lieue de son issue. On reconnaît encore, même à l’extrémité du glacier, l’origine diverse des moraines, qui sont venues se confondre dans cette grande nappe de blocs ; son flanc droit, composé essentiellement de gabbro et de roches granitiques, présente de loin une teinte bleuâtre, tandis que le flanc gauche paraît roussâtre, ce qui est dû à l’oxidation des roches serpentineuses qui composent en grande partie la moraine gauche. Le milieu de la nappe est un mélange des deux roches. Mais la plus remarquable de toutes les nappes de blocs que l’on puisse citer, c’est sans contredit celle du glacier inférieur de l’Aar ; jusqu’à une demi-