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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/164

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lesquelles se meuvent les glaciers, devra reconnaître que s’il en était de nos glaciers comme Gruner le suppose, leur masse se trouverait à-peu-près dans les mêmes conditions que les glaces flottantes, et serait depuis long-temps allée grossir le nombre des îles de glace de la Mer du Nord, ou enverrait continuellement des blocs de glace à la Méditerranée, à l’Adriatique et à la Mer Noire.

Des personnes peu familiarisées avec les phénomènes si variés des glaciers, me citeront peut-être comme une preuve que les glaciers glissent sur leur fond, les chutes partielles de certains glaciers dont les conséquences ont été si désastreuses pour les vallées qui en furent le théâtre. Pour prévenir toute récrimination à ce sujet, je crois devoir entrer ici dans quelques détails sur ce fait. Le plus souvent ces chutes ne sont autre chose que des blocs ou des aiguilles de glace qui, isolées de la masse du glacier par les crevasses, se détachent de sa surface, lorsque leur poids vient à l’emporter sur leur force d’adhérence. Elles se reproduisent dans beaucoup de glaciers sous forme de lawines ou d’avalanches de glace[1] ; mais l’on n’y fait en général at-

  1. Pendant l’été on voit à-peu-près tous les jours de ces chutes de glace à la mer de glace de Chamounix, à la Jungfrau, au glacier inférieur de Grindelwald et aux Wetterhœrner ; la partie inférieure du glacier de Schwarzwald est même composée en partie de pareilles avalanches de glace (voy. plus haut p. 144).