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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/177

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sement, allégua, à tort, que la masse des glaciers s’é croule continuellement sur elle-même par suite des cavernes qui se forment à la face inférieure. La pression latérale qu’occasionneraient ces écroulemens, jointe à la tendance qu’auraient les masses adjacentes à combler les vides formés par ces écroulemens, serait, selon lui, la cause qui détermine le mouvement des glaciers. Cette assertion est évidemment erronée ; car s’il en était ainsi, comment expliquer la régularité que l’on observe encore dans la disposition de leur masse, après un cours souvent très-long, et à la suite de mouvemens aussi violens et aussi perturbateurs que le seraient des éboulemens et des affaissemens continuels ?

L’explication que je donne ici du mouvement des glaciers n’est pas nouvelle ; et nous avons vu plus haut (page 4) que déjà Scheuchzer l’a proposée dans son Itinera alpina. La manière dont M. T. de Charpentier l’a développée ne me paraît pas entièrement admissible[1] ; selon lui la congélation de l’eau, contenue dans les crevasses[2], joue le plus grand rôle dans la dilatation des glaciers, ce qui est évidemment erroné ; car la formation d’une croûte de glace, même de plusieurs pouces d’épaisseur, à la surface

  1. Gilbert’s Annalen der Physik, vol. 63.
  2. Il ne faut pas confondre les crevasses avec les fissures capillaires qui sont bien aussi des crevasses, mais qui, à raison de leur petitesse, se comportent d’une manière toute différente dans le glacier.