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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/260

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cation, quoique très-ingénieuse, ne saurait plus être admise, depuis que les recherches de M. Élie de Beaumont ont démontré que l’action des agens atmosphériques n’est pas, à beaucoup près, aussi destructive qu’on le croyait auparavant. Saussure parle encore d’un bloc détaché situé sur le passage de la Tête-Noire, « qui est, dit-il, d’une si grande taille, qu’on serait tenté de le croire né dans la place qu’il occupe ; on le nomme Barme rousse, parce qu’il est encavé par dessous, de manière qu’il pourrait servir d’abri à plus de trente personnes à la fois[1].

Les roches polies s’étendent généralement bien au-delà des limites des glaciers jusque dans la partie inférieure des vallées alpines, et souvent à de très-grandes distances des glaciers actuels. Les flancs des vallées en sont également affectés jusqu’à des hauteurs que les glaciers n’ont plus atteintes de mémoire d’homme. Si, comme nous l’avons vu plus haut (p. 189), il ne peut exister aucun doute sur la cause de ces roches polies, si ce sont bien les glaciers qui leur donnent leur aspect si particulier, dans des limites où on les voit encore en contact avec les glaces, on ne saurait douter que les glaciers se soient étendus et élevés jusqu’aux limites extrêmes où l’on en retrouve des traces de nos jours. Or, ces limites sont, dans la plupart des cas, les mêmes que celles des anciennes

  1. De Saussure, Voyages, Tom. II, p. 92, § 703.