Aller au contenu

Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lapiaz, ni les creux de cascades ne sauraient être attribués à d’autres causes qu’au glacier ; car il n’y a que le glacier qui produise tous ces accidens à la fois. En effet, si l’on pouvait attribuer les roches polies et striées à des courans, on ne concevrait pas que les mêmes vallées présentassent aussi dans les mêmes localités des moraines, des blocs perchés, des lapiaz et des creux de cascades. Et quand on connaît l’influence immense que le glacier exerce sur son fond, en se mouvant, on ne saurait soutenir sérieusement l’idée qui a été émise, que les roches polies et le détritus du fond des glaciers datent d’une époque antérieure à la formation des glaces.

Si donc nous sommes parvenus à démontrer la présence des glaciers jusque dans la partie inférieure des vallées alpines, si même nous avons acquis la certitude qu’ils y remplissaient les vallées jusqu’à des niveaux très-considérables au-dessus de leur fond, nous aurons en même temps prouvé que tout le massif de nos Alpes a été couvert d’une immense mer de glace, d’où découlaient de grands émissaires descendant jusqu’au bord des basses contrées environnantes, c’est-à-dire jusque dans la grande plaine suisse et jusque dans la plaine du nord de l’Italie, de la même manière que les mers de glace de nos jours envoient leurs émissaires dans les vallées inférieures ; mais avec cette différence, qu’au lieu d’être circonscrites entre des pics isolés et dans les vallées les plus élevées, ces mers de glace