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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/283

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somme, ils sont non seulement aussi grands, mais même plus grands que ceux que l’on rencontre maintenant dans les vallées alpines et dans la grande plaine suisse.

Il ne saurait y avoir de doute sur l’origine alpine des blocs erratiques du Jura. MM. de Buch, Escher de la Linth et Studer ont même démontré que ceux du Jura vaudois et neuchâtelois proviennent des Alpes valaisannes et du massif du Mont-Blanc ; ceux du Jura bernois, de l’Oberland, et ceux de l’Argovie et de Zurich, des Petits-Cantons. On n’observe que rarement des mélanges de blocs dans ces différens districts, et lorsqu’il s’en trouve, par hasard, quelques traces, c’est toujours sur la limite de ces régions ; d’où je conclus que le phénomène du transport des blocs s’est répété sporadiquement dans chacun des grands couloirs qui descendent des Alpes vers le Jura et vers la plaine du nord de l’Italie.

Le transport de ces blocs des Alpes au Jura a de tout temps vivement préoccupé les géologues ; et comme il est évident que l’agent qui l’a effectué a dû être doué d’une puissance extraordinaire, que n’ont plus les agens de notre époque, on a été obligé de recourir aux hypothèses pour rendre compte d’un phénomène aussi extraordinaire. L’hypothèse de grands courans a pendant long-temps réuni la majorité des suffrages, et au premier abord elle paraît en effet la plus naturelle, parce qu’on a l’habitude d’envisager