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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/328

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On ne manquera pas de faire de nombreuses objections à cette théorie. Je vais chercher à y répondre à l’avance en réfutant celles qui me sont parvenues indirectement. La pente des Alpes au Jura est trop faible, dit-on, pour permettre à une masse de glace d’y progresser comme un glacier. Sans demander si cette pente serait peut-être plus forte lorsqu’il s’agirait d’y faire couler des flots d’eau capables de transporter les blocs erratiques, je citerai comme exemple de la faible inclinaison d’un grand glacier, celui de l’Aar inférieur qui, sur une longueur de cinq lieues, s’abaisse à peine de 3 000 pieds, depuis le commencement de la transformation des névés en glace (à 8 000 pieds), jusqu’à son extrémité inférieure qui est à environ 5 000 pieds.

D’un autre côté, à l’époque où les glaciers de la vallée de la Kander confluaient encore dans le bassin du lac de Thoune avec ceux du cours supérieur de l’Aar, on peut sans exagération admettre qu’ils s’élevaient sur ce point à un niveau d’environ 6 000 à 7 000 pieds : mais de Thoune au bord du lac de Bienne, où l’on observe des roches polies si remarquables, il n’y a que 12 de lieues de distance en ligne droite. Or si l’on peut admettre que ce grand glacier de l’Oberland bernois n’était qu’un affluent de la grande mer de glace de la plaine suisse ; s’il est également probable que l’immense nappe de glace débouchant du Valais par le bassin du Léman se mouvait